JMKE: du 4 au 28 mars 2015

par GALERIE Place à l'ART  -  30 Mars 2015, 18:55  -  #Programmation 2014-2015

JMKE: du 4 au 28 mars 2015
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JMKE: du 4 au 28 mars 2015
JMKE

Sculptures, encres & Photographies

 

La liberté de mes gestes, le risque de manquer, l’impatience domptée par l’envie, le
poids des rochers, la caverne de l’atelier, le passé tragique de la pierre qui s’entasse le long des murs, l’acier élimé des outils, le voisin qui se demande, le ronflement de la forge qui prépare les pointes, la poussière qui recouvre tout, l’idée qui surgit et que l’on griffonne sur un angle de mur, la chaîne du palan qui chante, l’éclat de marbre scintillant dans le creux de la main écorchée.
Ces temps je travaille en pensant sans cesse aux intempéries, aux érosions, à la mise en ruine des formes venant contrarier les excroissances vitales, les boursouflures de vie, les géométries implacables.
Au moment où j’écris, dehors l’hiver a tout envahit.
C’est pour moi la saison de la sculpture: les couleurs sont oubliées sous l’eau devenue glace et neige, le vent a remanié les sédimentations, des cristaux translucides ourlent les sources, les ombres sont nettes. La fontaine en face de l’atelier est prise par le gel et se révèlent un alphabet et une grammaire qui rejoignent mon travail de sculpteur.
Ainsi les tourbillons de la tempête pétrifiés en de fines congères, les pendeloques de glace
excentriques le long du godron de fer, la banquise du bassin qui s’est brisée en géométries rectilignes éveillent en moi le désir de sculpter en même temps que leur perfection m’en dissuade, comme si un mauvais génie me susurrait à l’oreille que je suis en voie de tomber dans le piège de la figuration et de l’imitation.
La tempête et la neige et la glace inconsciemment ont donné vie à des reliefs et des lignes qui, plus qu’une simple esthétique, plus qu’une beauté décorative, nous ramènent à un tronc commun de formes et figurent une énergie muette.
Ce langage de l’intempérie qui contrarie l’excroissance ce n’est pourtant pas une esthétique
«naturaliste» que je vise et qui pourrait rejoindre la sensation de beauté. Non, c’est plutôt
comme si ces arrangements de formes étaient les miroirs de la part mécanique/géologique de nous même, depuis l’échelle du groupe jusqu’à notre intimité: confluences, sédimentations, érosions, inerties, dissolutions, fractures, chevauchements.
Le moment ou l’œil décrète que là, devant soi, il y a un paysage alors qu’auparavant ne se
déroulait qu’un empilement brinquebalant de vallons, de plaines et de crêtes avec dans les plis un trait d’eau hésitante.
Le moment où le pas s’arrête pour ramasser un caillou qui s’affirme parmi des milliers.
Parfois, du monde des gens il me faut partir un peu loin, vers des clairières, des gorges, des
hauts plateaux où crévent les abîmes.
Mais, toujours, il y a le moment où la mémoire des sédiments en époques plissées, la cohue du printemps, les tourbillons du ruisseau, le réseau des ravins finalement obéissants me rattrapent, me rappellent en autant de métaphores les sociologies, les crises et les émotions du monde humain.
Renouer avec cette géométrie, voilà le début de mon geste.
 
JMKE

 

JMKE: du 4 au 28 mars 2015
JMKE: du 4 au 28 mars 2015
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Brulure

 

Pierres de l’ancienne prison St.Paul de Lyon, bistre, bois & drap, mix audio des paroles de la mère de Karim.
 
«il faut que je comprenne
pourquoi mon fils il est mort»
 
C’est la mère de Karim qui parle. Karim s’est suicidé dans sa cellule à l’âge de
19 ans alors qu’il était en détention préventive à la prison St.Paul de Lyon. C’était le 16
février 2009. Il fait partie des deux dernières personnes qui se sont suicidées dans cette
prison avant sa démolition quelques mois plus tard.
 
Les deux tiers des personnes qui se suicident en prison sont des prévenus en attente de
leur jugement ou condamnés à de très courtes peines.Régulièrement condamné pour l’insalubrité de ces prisons et les mauvais traitements qui y sont infligés, l’Etat français recours pourtant de plus en plus à l’enfermement pour traiter de situations judiciaires
souvent bénines. Plus que la réparation des préjudices causés, c’est un esprit de vengeance qui semble guider les décisions de justice, avec une stigmatisation des populations les plus
pauvres, majoritaires en prison.
 
Il faut peut-être se poser la question des raisons qui font qu’à un moment donné un concitoyen cause un préjudice à la communauté, tout autant qu’il faut se demander comment le préjudice peut être réparé et permettre des retrouvailles apaisées. S’interroger aussi sur ce qui fonde la légalité et l’illégalité, les raisons de la punition.
 
J’ai récupéré 4 pierres qui construisaient les cachots de St. Paul. J’en ai sculpté trois dont
une que j’ai brûlée au point qu’elle est devenue de la chaux. La voix de la mère de Karim
est devenue une litanie pour une brûlure inoubliable.

 

Images de l'installation de l'exposition JMKE
Images de l'installation de l'exposition JMKE
Images de l'installation de l'exposition JMKE
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